Le geste léger qui lèche le papier est comme un souffle qui embuerait une vitre, si par hasard on y approchait sa joue. C’est la vitre qui fait contact entre deux mondes qui va révéler qu’un souffle est passé. C’est une trace qui s’estompe et se reforme au gré du temps. L’éphémère est soumis au cycle de répétition. Parler de nuages qui se forment et qui se déforment, c’est le même processus. Telle est la nature du nuage de s’illustrer à travers divers types de formes, de s’amalgamer, mais tout aussi de se dissoudre par dissociation. Apparition et disparition sont conditions l’une de l’autre. Conçues simultanément dans l’esprit. Elles dénotent un phénomène de pure apparence. Qu’est ce qui sous- tend ce phénomène sinon d’abord le fait qu’il se perpétue ? Il se reproduit à l’ infini, il s’étire dans le temps comme s’étire une trame et prend une consistance spatiale.
La ligne du dessin court plus vite que la lumière, elle conçoit des nuages rapides, des voiles flottants, des formes agiles qui se démultiplient. Ce qui prend vie, émerge, et s’amalgame dans l’instant, répond à une spontanéité et à une générosité impérieuse. C’est ce qui fait son substrat et sa raison d’être.
Ce n’est pas le dessin qui utilise à son gré un espace neutre, c’est l’espace qui s’installe à l’intérieur du dessin. Le dessin se manifeste comme pure spontanéité mais il interagit avec l’espace- temps. La peau du papier procure cette limite temporaire et précaire qui va recueillir une trace mais participe aussi de ce qui se manifeste. L’espace réel est aussi une fine peau qui de déforme autour des objets. Le mouvement de la ligne qui se déploie et se déplace souligne les qualités de l’espace sur lequel elle s’appuie, elle lui reconnait une consistance, de même l’espace qui la supporte donne à la ligne toute sa consistance. Il n’y a pas de séparation mais pure consistance. La nécessité de coller au présent persiste à l’intérieur du mouvement, la ligne est continue : c’est ce qui lui donne une durée et une consistance.
Bouger c’est autant consommer de l’espace que créer de l’espace. Consommer du temps que créer du temps. L’espace et le temps sont à l’intérieur de la ligne, constitutifs de sa force d’expansion.
Ce travail s’exprime dans un champ non cloisonné qui contient le dessin, la couleur, le mouvement, la sculpture comme geste même de l’espace.
On peut le rapprocher de courants artistiques et de concepts qui ont marqué l’histoire de l’art du 20eme siècle, comme l’éclatement de l’espace et de la figure, la géométrie fractale. Ou même y deviner le vide et le plein de la tradition chinoise millénaire et la sagesse zen. C’est surtout une démarche rugueuse et solitaire qui insiste sur la contigüité du geste et de la ligne, la contigüité du corps et de l’espace, sur la contigüité des corps entre eux.
La même force organisatrice agit à travers la variété des œuvres. Il n’y a pas de rupture entre les parties et le tout. L’œuvre est sous-jacente à l’œuvre. Comme un arc tendu entre la spontanéité de ce qui se donne et la loyauté que l’œuvre entretient. L’œuvre s’affine en redéfinissant le lien entre sa source et sa destination. C’est de réaffirmer sa loyauté qui lui confère sa capacité d’expansion.
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